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Par : Cercle de lecture
Le 6 décembre 2017, le cercle de lecture de la Mosaïque et de la Bibliothèuqe municipale de Rouyn-Noranda a réuni environ douze personnes de diverses origines autour d'une trilogie de l'écrivaine hongroise Agota Kristof.
Le deux premiers romans, Le Grand Cahier et La preuve, ont beaucoup plu aux participants, autant sur le plan de l'écriture que sur celui de la narration. Toutefois, le dernier du cycle, intitulé Le troisième mensonge, nous a tous déroutés au point où nous nous sommes interrogés sur l'intention qu'avait Kristof en terminant sa trilogie de manière déconcertante.
Expliquons un peu. Le premier roman plonge le lecteur dans un lieu non identifié, à l'Est certainement, durant la guerre, en zone occupée. Pour survivre, des gaçons jumeaux, Lucas et Claux, abandonnés à leur grand-mère, apprennent la survie, les difficultés de la vie sur tous les plans. Ils apprennent à écrire et tiennent un cahier, Le Grand Cahier. Nous pouvons alors avancer que l'un des thèmes est l'écriture elle-même, l'écriture qui laisse une trace de leur vie. Les jumeaux y notent les faits sans émotions, car ils s'exercent à s'endurcir et à agir selon leur morale bien à eux. L'écriture est dépouillée et reflète justement leur vie âpre.
Dans le deuxième roman, les jumeaux sont séparés, car l'un a quitté le pays. La guerre est finie, mais le régime totalitaire s'est imposé. Celui qui reste chez sa grand-mère, Lucas, tente de faire le bien autour de lui. Le temps passe. Des personnages traversent sa vie; il adopte un enfant handicapé, il achète une librairie, il est attiré par une femme, etc.
Avec Le troisième mensonge survient le choc brutal pour tous les lecteurs du cercle: nous nous sommes alors demandé s'il y avait vraiment des jumeaux ou si un garçon s'en était inventé un. C'est l'hypothèse formulée pour Le Grand Cahier. Il est en effet plus facile de supporter la vie difficile de cette période à deux. Le Troisième mensonge est divisé en deux parties. Dans la première, Lucas, un des jumeaux, chercher son frère Claus qu'il a perdu de vue. Il le retrouve...ou pense le retrouver...dans la maison de son, de leur, enfance. Dans la deuxième partie, Klaus (notez la différence de graphie) reçoit son "frère" mais ne le reconnaît pas ou ne veut pas le reconnaître. La confusion est telle que nous avons remis en question la "vérité" des récits. Où est-elle dans cette trilogie? Où est-elle dans la vie? Certains ont émis l'hypothèse que les traumatismes de la guerre peuvent être la cause de l'invention d'une vie. D'autres avancent que la vérité, dans un univers totalitaire, est improbable. La lecture de ce dernier roman nous laisse sur une impression de désespoir résumée par les paroles de Klaux à la fin: "je lui dis que la vie est d'une inutilité totale". Bref, ce dernier roman est exigeant et les échanges l'ont reflété. Ainsi, même après une longue discussion, il y avait encore beaucoup de pistes à explorer pour tenter de le comprendre. Nous ne sommes pas seuls devant l'énigme: il suffit d'écouter quelques entrevues avec Agotha Kristof pour constater que cet aspect est souvent évité.