paloalto

Piste pédestre des Monts Kanasuta (Abitibi)
La Yol ou la Kanasutra


Sommet K2
× Reconnaissance
L'irrépressible tendance des troncs d'arbre à finir par se coucher en travers du chemin, entraîne nécessairement des séances de coupe où l'implacable scie à chaîne de Denis Dutil et l'imparable scie-samouraï de José Mediavilla font merveille.
Tout(e) randonneu(se)r qui emprunte La Yol saura maintenant qui remercier.
Description générale:

Piste montagneuse sollicitante sans être exténuante, au relief heurté et accidenté, traversant un massif forestier resté jusqu'ici inaccessible, elle a donc tout pour faire oublier le cliché abitibien de la vaste plaine argileuse, hérissée de chevalements de mines ou ponctuée du navrant damier des coupes à blanc. Randonnée occupant un matin ou un après-midi elle n'exigera de vous qu'une forme physique moyenne mais le port de bonnes chaussures afin de  négocier la traversée de la "Caillasse d'enfer". Avec les lacs de faille de la réserve d'Aiguebelle, les falaises et les lacs perdus des monts Kékéko, le parcours aérien de la Yol dans ce qui fut, selon certaines légendes indiennes, un haut lieu d'initiation chamanique, reste un incontournable du tourisme plein-air abitibien et plus particulièrement de la région de Rouyn-Noranda.

Flirtant topographiquement avec la ligne de partage des eaux la kanasutra vous laissera complaisamment contempler par de larges échancrures de feuillage l'amorce des bassins arctique et atlantique avec les lacs Dasserat et Opasatica. Jouant avec la nature et "son horreur du vide" la Yol depuis le belvédère des genévriers vous proposera les vertiges des parois encaissantes du val Entremont. Enfin depuis le toit du monde....abitibien: le K2 ou Kanasuta2 vous apercevrez vers l'ouest, tel un guetteur colossal le crâne huronesque du mont Cheminis ou plus prosaïquement mont Chaudron.

Piste "quatre saisons" (elle a été au départ une piste de raquettes), vous pourrez donc l'emprunter à n'importe quel moment de l'année, cependant évitez si possible les jours de pluie où l'on constate assez rapidement une sérieuse diminution du coefficient de frottement et une forte hausse du taux de glisse entre semelle et roche.

Sur les rives du lac Entremont, un peu en retrait dans la pinède, vous pourrez utiliser le refuge qui fut érigé pour desservir une piste de ski de fond, maintenant retournée à l'état de nature.

Le balisage, constitué de bouts de ruban orange accrochés à quelque branche ou ceinturant à bonne hauteur un tronc se tenant complaisamment en bord de piste, reste assez sommaire; des pancartes, placées en des endroits jugés comme stratégiques essaient de suppléer à la rareté ou à la précarité dudit balisage.

Ce parcours en boucle avec comme base la station de ski du Mont Kanasuta, ne devrait pas vous demander plus de 5 heures (arrêts inclus); cependant il vous reste toujours la possibilité, grâce à la rencontre à mi-parcours, avec une route de terre qui rejoint la station de ski de le faire en 2 fois.

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Localisation et accès

Il suffit de se rendre à la station de ski du mont Kanasuta; quant à l'accès à la piste elle-même, il sera décrit dans le texte de la description détaillée. Pour celles ou ceux qui désireraient localiser la station de ski: voir localisation Kanasuta .

Sortir de Rouyn-Noranda centre par les routes 101 sud et 117, réunies pour desservir les quartiers d'Évain et d'Arntfield; peu après cette dernière laisser la 101 filer vers Ville-Marie et suivez la 117 (en direction de l'Ontario) sur approximativement une dizaine de kilomètres tout en surveillant attentivement sur votre droite l'apparition d'une pancarte, de dimensions relativement modestes, signalant l'existence de la station; emprunter donc à droite un chemin de terre qui après 2 à 3 km vous laissera à la base du premier mont Kanasuta où se trouve le centre de ski.

Chamanisme et capitalisme:

Un jour d'été de l'an de grâce 1884, alors qu'un petit vent du nord-ouest rafraîchissait singulièrement cette journée qui s'annonçait pourtant comme caniculaire, le missionnaire oblat: Père Paradis, assis confortablement dans un canoë remontant le lac Opasatica, s'enquit auprès de Okoushin, son fidèle guide algonquin, du nom de 2 montagnes jumelles dont la découpe singulière tranchait étrangement sur l'horizon;"Kamasuta Kamatwesing, l'endroit où l'on entend un son " fut la réponse. "L'endroit où se balance Machi manitoo", prétendit un ojibwé de Mississagué. " Le lieu où les esprits dansent" s'insurgea un troisième. Bref il ressortit de ce passionnant débat toponymique que le lieu était sacré et que depuis de très nombreuses lunes on intronisait les futurs chamans au sommet de ce qui devait devenir dans la cartographie anglaise: "the swinging hills".

Outre ces légendes indiennes, le père Paradis ramena de son expédition une délicieuse aquarelle des Monts Kanasuta qu'il intitula: "La Montagne des sorciers". On notera, qu'afin de rehausser le statut particulier du lieu, le bon Père s'est amusé à ceinturer "démoniaquement" le paysage. Peut-être pourrait-on souligner, qu'au pays de Wendigo au coeur de glace, diablotin et serpents bibliques seraient loin de leur zone habituelle de confort!
En complément et en fenêtre pop-up, on pourra lire un extrait de sa description de cette zone abitibienne, dans son rapport au ministre écrit en décembre 1884 depuis Maniwaki.

On lui doit aussi un répulsif au nom évocateur de "maringouinfuge" dont l'inquiétante composition: lard, goudron liquide et tout de même citronnelle, fut totalement rédhibitoire au niveau de la commercialisation. Deux siècles plus tôt, franchissant le portage de la ligne de partage des eaux au pied des monts Kanasuta, le Chevalier de Troyes avec son commando de 100 hommes fort décidés à bouter l'anglais hors de ses comptoirs de la baie de James, aurait certainement apprécié les effets dissuasifs du maringouifuge.

Vers la fin du XIX siècle, une exploitation systématique des ressources naturelles , s'installa dans les alentours des 2 monts. Ce furent d'abord les coupes forestières préfigurant "l'horreur boréale" de Richard Desjardins, puis s'ajouta l'activité minière. Elles s'exercent encore. Quant au massif lui même, il ne fut réellement mis à contribution qu'à partir des années 60, avec la création d'un centre de ski sur les pentes du K1.

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