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8 AUG 2017
Roman québécois et canadien

Aminata, la grande héroïne dont vous vous souviendrez longtemps

Par : Sophie Prévost

Le roman Aminata de Lawrence Hill, paru en 2009 et récipiendaire de prestigieux prix, nous permet de découvrir un pan méconnu de l’histoire canadienne alors qu’on suit le périple d’une jeune fille africaine victime de la traite des noirs, puis d’esclavagisme aux États-Unis. Elle s’enfuit ensuite au Canada.

L’histoire s’inspire d’un fait historique qui aura marqué Hill : le retour en Afrique d’esclaves affranchis après un séjour au Canada, plus précisément en Nouvelle-Écosse. L’armée britannique avait promis à 3000 loyalistes noirs des terres en Nouvelle-Écosse après la guerre d’indépendance américaine. Elle ne tint pas sa promesse et les condamna à une misère encore plus grande que celle vécue aux États-Unis.

Si le récit raconté par Aminata n’est que fiction, il n’en demeure pas moins que Lawrence Hill a effectué un colossal travail de recherche pour demeurer fidèle aux événements et conflits marquant le milieu du 18e siècle et le début du 19e siècle aux États-Unis et au Canada. À elle seule, la vraisemblance de l’œuvre vaut qu’on s’y attarde.

Le roman débute à Londres lors d’une réunion entre un groupe d’abolitionnistes et Aminata, devenue adulte. Le groupe veut présenter au gouvernement britannique un plan pour mettre fin au trafic d’êtres humains et il compte sur Aminata et son vécu pour les aider. Or, selon Aminata, le problème ne sera éradiqué que lorsqu’il sera interdit de posséder un être humain, peu importe sa race. Elle accepte tout de même de les aider en leur racontant chaque détail de sa longue et éreintante épopée.

Ainsi donc, à l’âge de 11 ans, alors qu’elle vit paisiblement auprès de parents aimants et instruits, Aminata Diallo est capturée et forcée de marcher pendant plusieurs jours pour se rendre à bord du bateau qui la conduira dans une plantation d’indigo aux États-Unis. Les descriptions d’Aminata pendant son expédition et pendant son long périple sur l’océan sont très difficiles à supporter. Or, ce n’est que le début du long voyage d’Aminata.

Le langage coloré et imaginatif d’Aminata, – « Il avait beau posséder l’énergie d’un cheval de trait, ce rustre n’avait pas le droit de labourer le sol de mon jardin secret. (p. 529) » – sa grande force de caractère et sa résilience font d’elle une narratrice très attachante. L’auteur s’efforce également de respecter les croyances et les perceptions des personnages de l’époque ce qui donne lieu à certaines scènes plus rigolotes.

Parmi tous les individus croisés par Aminata, il devient difficile de différencier l’ami de l’ennemi. Le roman de Hill nous donne à voir les meilleurs et les pires côtés de l’être humain lorsque celui-ci fait face aux pires conditions humaines. Si certains choisissent l’entraide et la spiritualité, d’autres optent pour la révolte et la violence.

En plus d’être l’histoire d’une militante noire, Aminata raconte la vie tragique d’une amante, d’une mère et d’une amie dont le bonheur semble toujours lui glisser entre les doigts alors qu’elle lutte pour retrouver sa liberté. Toute sa vie, Aminata devra prouver sa valeur et ses connaissances devant ces hommes qui ne voient qu’un joli visage et un corps dont ils veulent abuser.

Bref, pour sa narratrice plus grande que nature, pour les événements historiques relatés qui nous instruisent et pour la gamme d’émotions que suscitent ce roman, plongez-y sans attendre!

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